La tournée aux Etats-Unis a commencé par une semaine de résidence à la School Of Music Of Iowa, Université d’Iowa. C’est Jean-François Charles, le professeur de composition électroacoustique, qui était le curateur de cette résidence. Il m’a proposé de donner plusieurs cours et conférences pendant le début de la semaine et de finir par un atelier destiné à six volontaires avec lesquels nous allions construire un concert d’improvisation électroacoustique.

Les conférences avaient pour sujet « le musicien programmeur », un sujet large qui me définit parfaitement. J’ai profité de ce thème pour faire une traversée de mes créations artistiques des quinze dernières années (concert, installation, performances) qui ont pour la plupart le point commun d’utiliser Logelloop.

During one of the conferences in Iowa – Here students are watching a video clip of a performance in the public area

Si j’en crois les retours des étudiants qui ont assisté à ces présentations, la particularité de mon travail ne repose pas tant sur le fait de programmer le logiciel que j’utilise pour ma création électroacoustique, pas non plus sur le fait que nous fabriquons également, sur mesure, les appareillages électroniques de diffusion (cartes son, haut- parleurs processés, pédaliers, etc.).

La particularité repose essentiellement sur les lieux et réseaux de diffusion et le rapport au public. En effet, j’ai présenté plusieurs vidéos et photos présentant des installations dans des jardins (Toco la Toccata, diverses performances), sur des plages (Au bord d’un monde), dans la rue et des spectacles qui s’adressent à des publics particuliers (Tubulus, Danse Tellurique) qui ne sont pas le quotidien des compositeurs de musique contemporaine que l’on peut rencontrer dans l’université de musique d’Iowa.

Le fait de proposer des concerts pour un public qui n’est pas captif, voir qui peut se déplacer pendant le concert (Tubulus, Danse Tellurique), est quelque chose de très inhabituel, qui a intéressé des compositeurs qui ont l’habitude de présenter leurs œuvres dans des auditoriums.

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Changement d’ambiance pour la seconde semaine ! J’arrive en Californie pour des concerts et une conférence à l’occasion du festival Y2K22, vingtième édition du festival international de Live Looping de Santa Cruz. J’y retrouve bien sûr Rick Walker qui est le directeur artistique fondateur du festival Y2K LoopFest qui a fait tant d’émules dans le monde. Je rencontre également quelques spécialistes américains et mexicains, dont je connais certains pour les avoir déjà rencontrés lors de ma précédente venue en 2017 ou lors de ma tournée mexicaine en 2018. Ici, les concerts s’enchainent pendant le festival. C’est l’occasion pour moi de faire le point sur ce qui se joue dans le domaine du Live Looping outre-Atlantique, c’est aussi l’occasion d’échanger avec des musiciens sur l’évolution de Logelloop et la pertinence de certaines nouvelles fonctions.

With Bill Putnam and Rick Walker after the Logelloop presentation at Universal Audio

Nouvelles fonctions que je présentais lors d’un concert/conférence dans les murs de Universal Audio Corporation, l’une des plus prestigieuses entreprises de développement de logiciels et interfaces au monde. J’avais déjà rencontré Bill Putnam, le Directeur général (CEO – Chief executive Officer) de l’entreprise en 2017. Il m’invitait cette fois à présenter mon travail à ses équipes d’ingénieurs. Une quarantaine de personnes faisant partie de l’une des équipes les plus innovantes de la Silicon Valley a assisté à cette présentation. Cette invitation reflète une grande reconnaissance du secteur du développement logiciel à l’égard du travail que nous avons accompli sur Logelloop pendant vingt ans. Les retours étaient très positifs, et Bill Putnam lui-même remarquait une évolution importante des fonctionnalités de Logelloop durant les cinq dernières années.

Logelloop presentation at Universal Audio – Rick Walker And Philippe Ollivier

Un temps fort de cette semaine passée en Californie consistait en plusieurs conversations avec David Zicarelli, fondateur, et CEO de Cycling’74, l’entreprise qui développe le logiciel Max utilisé fréquemment dans la musique contemporaine. En effet, David, que j’ai rencontré à plusieurs reprises ces dernières années (à l’Ircam, à Santa Cruz en 2017, à North Adams en 2019) m’avait proposé de m’héberger lors de ma venue à Santa Cruz, sa ville de résidence. Étant moi-même utilisateur de Max (que nous utilisons comme base logicielle pour le développement de Logelloop),  bêta testeurs pour Cycling’74 depuis plus de quinze années et formateur Max à l’université de Brest, il y a avait là une occasion idéale pour faire des retours d’usager de Max et aussi pour discuter des perspectives. David était en ébullition, car l’entreprise préparait la sortie imminente de RNBO, un ensemble logiciel, fruit de sept années de travail qui représente un tournant majeur pour Max sur lequel il repose.

Avec David les sujets de discussion ont été divers, je lui ai bien évidemment fait état de certaines fonctionnalités dont nous aurions besoin pour le développement de Logelloop, des fonctionnalités qui nous permettraient d’ailleurs pour la plupart d’améliorer les performances ou l’expérience des utilisateurs. Nous avons aussi échangé sur l’avenir de Max et de ce qui va changer pour les utilisateurs. David s’est également montré intéressé par le Logelloù, notre lieu associatif de résidence et de soutiens aux nouvelles musiques, il est lui-même donateur pour un lieu comparable à Santa Cruz. Cette rencontre devrait nourrir de futurs échanges pour le Logelloù et Logelloop. À suivre !

Et puis, dernière semaine sur la Côte Est avec une autre rencontre importante. Je retrouvais Todd Reynolds que je connais depuis 2007, car il a participé au bêta test de Logelloop durant les premières années. Je l’avais également rencontré en 2019 à North Adams où il réside. Cette fois, il m’invitait pour animer un atelier autour de Logelloop avec ses étudiants en musique contemporaine de la Manhattan School of Music. L’occasion de lui présenter les dernières avancées de Logelloop et aussi d’improviser avec lui devant ses étudiants. Todd est un violoniste remarquable qui a joué avec les plus grands à New York (Steve Reich, Meredith Monk, YoYo Ma…), improviser avec lui était un temps fort de cette tournée. Nous restons bien sûr en contact avec l’idée de se retrouver pour un projet commun dans les années à venir.

Improvisation with Todd Reynolds

Dernière escapade à Providence où la chanteuse Laury Amat organisait à l’occasion de ma venue un concert au MayDay, un club qui propose des concerts de musique électronique. Trois autres musiciens qui pratiquent la synthèse modulaire participaient au concert, pour la première fois de ma vie, j’ai pu écouter un duo qui repose sur l’étonnante rencontre de l’accordéon et de la synthèse modulaire…

 

Cette tournée était initialement construite autour de la résidence en Iowa, soutenue par Jazz & New Music, un programme de FACE Foundation et la Villa Albertine, soutenu par l’Ambassade de France aux USA, l’Institut français, la SACEM et le CNM.